Exclusive Interview with La Jaune et La Rouge: La technologie et la science repoussent chaque jour les frontières
Accélérer l’accès des innovations aux patients : voici l’objectif de Voisin Consulting Life Sciences (VCLS). Rencontre avec le docteur Emmanuelle Voisin, dans un monde où les frontières sont sans cesse redessinées grâce aux technologies.
Quelles sont les missions premières de VCLS?
Nous sommes un partenaire stratégique dont la mission est d’accélérer l’accès des innovations aux patients, et ce dans des marchés globaux et hautement réglementés, en collaborant étroitement avec nos clients des secteurs Biotech, Pharma et MedTech.
Nos points d’ancrage sont la science et la technologie : le fondement de notre activité repose sur le développement d’un produit de santé fondé sur ces deux domaines.
Par la suite, l’étape cruciale de notre travail est de traduire le résultat scientifique en langage réglementaire et médico-économique.
Sur ce, vient se greffer le développement pré-clinique : fabrication, contrôle du produit, essais précliniques en pharmacologie, pharmacocinétique et toxicologie dans des modèles soit in vitro, soit in vivo chez l’animal, ou in silico (simulés par ordinateur). Arrive ensuite le développement clinique et l’évaluation du rapport bénéfice/risque qui passe par une collecte de données robustes dans le but de convaincre les agences compétentes de l’efficacité et la sécurité du produit.
En parallèle, nous assurons une mission de Vigilance, c’est-à-dire la surveillance de la sécurité des produits de santé et la prévention du risque d’effet indésirable résultant de leur utilisation, que ce risque soit potentiel ou avéré.
Votre expertise est régie par l’excellence… Nos valeurs sont avant tout internes à l’entreprise : passion du travail, passion d’être ensemble et intelligence collective sont nos maîtres mots. Notre expertise est régie par des valeurs d’excellence. Nous délivrons un résultat, qui certes ne peut pas être qualifié de « perfection » dans ce monde qui va tellement vite, mais qui répond – plus qu’aux attentes – aux critères réglementaires drastiques de notre milieu.
La technologie a été un virage dans la recherche médicale. Quand l’avez-vous ressenti?
La technologie a commencé à révolutionner le secteur il y a plus de trente ans. Lorsque les mathématiciens et les pharmacologues, en travaillant conjointement, ont pu modéliser les données précliniques pour prédire les résultats de phase 1 en clinique, il est devenu clair que la révolution « Modélisation & Simulation » était en marche ! Depuis des décennies, nous constatons que la technologie permet des avancées significatives grâce à l’intelligence artificielle, la biologie synthétique ou l’utilisation du Big Data. Ces innovations permettent de repousser les frontières.
Celle qui m’est le plus chère concerne la modélisation permettant de conduire des essais cliniques virtuels. Il y a eu pendant très longtemps (trop longtemps même), un dogme dans notre domaine. Les agences réglementaires étaient contre un modèle in silico, mais l’Homme lui-même n’est-il pas un modèle ? Depuis plus de dix ans, la frontière a explosé. Non seulement les autorités ont reconnu l’importance de la modélisation, mais en plus elles le plébiscitent.
Au-delà d’un outil, la technologie est un accélérateur…
La technologie nous aide évidemment à naviguer dans les méandres et les difficultés. Mais elle permet aussi d’accélérer la réglementation qui doit soutenir l’accès de l’innovation aux patients.
“Au-delà d’un outil, la technologie est un accélérateur… Elle permet aussi de faire accélérer le monde de la réglementation qui souvent ne va pas aussi vite qu’elle. Chaque jour, nous sommes obligés de prendre des chemins de traverse, car les process à peine créés sont vites obsolètes.”
Chaque jour, nous sommes obligés de prendre des chemins de traverse, avec l’accord des agences, car la réglementation est souvent dépassée par l’innovation. Alors, à nous d’anticiper la règle, et d’apporter aux Agences les exemples qui leur permettront de répondre aux nouveaux besoins… C’est alors la science, galvanisée par les prouesses technologiques, qui va générer une nouvelle réglementation. Pendant cette interaction, de nouvelles avancées émergent, et créent un cercle vertueux entre l’innovation scientifique et l’innovation réglementaire. Tout ce cycle est basé sur le fait d’oser. Prendre des risques, des initiatives, les mesurer pour les contrôler : voici les maîtres mots qui permettent de sortir des sentiers battus et d’avancer dans l’intérêt du patient.
Les frontières du XXIe siècle sont-elles figées?
Nous avons quatre piliers d’expertise : accès au marché et réglementation, développement clinique et vigilances. Mais notre travail n’est possible qu’en mélangeant toutes les compétences et toutes les clés. Rien n’est figé et tout ressemble plutôt à un grand puzzle, aux frontières extensibles à l’infini. Certes, la technologie repousse sans cesse les contours de notre univers de travail… Mais c’est aussi le cas de la géographie. Qui aurait cru, il y a une dizaine d’années, que les Chinois seraient passés directement du générique aux thérapies cellulaires et géniques, ou aux anticorps monoclonaux ? Nos quatre piliers fondateurs sont sans cesse augmentés.
L’IA qui remplace l’humain : réalité ou fantasme?
Il faut évidemment toujours mettre un être humain par-dessus la machine. Mais la machine fera toujours gagner un temps précieux à l’homme. Pour prendre un exemple très simple : dans la partie pharmaceutique, nous devons analyser des centaines et des centaines de certificats d’analyse. C’est extrêmement répétitif et chronophage. L’utilisation d’un algorithme permet de vérifier si chaque certificat correspond aux spécifications d’origine.
“La combinaison des innovations entre elles ouvre le champ de tous les possibles… Cette convergence entre toutes les sciences et les technologies est à la fois captivante et formidable.”
La machine valide point par point ce que l’homme lui a appris, ce qu’il aurait lui-même mis trop de temps à faire. Si jamais il y a une alerte, alors le scientifique prend la main. Soit il confirme l’erreur décelée, et gère la situation, soit il passe outre « l’hallucination » de la technologie. Ce temps gagné est une valeur ajoutée à mettre au profit de l’accès du patient aux produits de santé. Je ne crois pas que la machine remplacera un jour l’Homme : nous aurons toujours besoin des neurones et de l’intelligence de l’être humain pour avancer.
Quelles sont vos principales attentes?
La combinaison des innovations entre elles ouvre le champ de tous les possibles. Utiliser plusieurs dispositifs médicaux et un médicament en un seul produit de santé met à profit plusieurs technologies pour obtenir un diagnostic et traitement : c’est une évolution à comparer à la découverte de la polythérapie pour le traitement du VIH dans les années 1980. Par exemple, une thérapie génique, encapsulée dans un bio polymère innovant, lui-même administré suite à une décision prise par un algorithme… pour être administrée à un patient diagnostiqué in-vitro grâce à l’intelligence artificielle : cette convergence entre toutes les sciences et les technologies est à la fois captivante et formidable.